top of page
Photo du rédacteurgautreau alexis

Enseignants : comment animer la phase de correction des exercices de maths effectués à la maison ?

Dernière mise à jour : il y a 3 jours

Quel collègue n'a jamais vécu ce moment de classe interminable, où les minutes passées à corriger des exercices s'égrènent en repoussant au lendemain l'objectif de séance du jour... Et ce n'est pas tout : les élèves assurés d'avoir réussi leurs devoirs parlent des frites de la cantine, à côté de ceux qui, les ayant effectués peu ou prou, ne comprennent pas la correction. Bref, le rendement Apprentissage sur Temps est bien faiblard !

Capter l’attention des élèves lors de cette phase de la séance constitue donc une gageure. Si les élèves doivent être en mesure de suivre et de comprendre les corrections, cette phase ne peut constituer le cœur de la séance et se doit d’être rapide.

« Ok, mais combien de temps alors pour la correction d’exercices ? »

D’expérience, je dirais que 25 minutes, c’est déjà trop. Il est facile de sentir l’attention des élèves décliner quand la phase de correction s’allonge, qu’ils en aient besoin ou non pour progresser. Bref, c’est un moment délicat pour l’enseignant, en début de carrière notamment.

« Bah, autant ne pas les corriger en classe alors, il suffit de leur distribuer le corrigé… »

Comprendre un corrigé n’est pas si simple. Le but d’une phase de correction d’exercices est que les élèves présentent leurs réponses, les discutent et lèvent leurs incompréhensions. J’ai donc l’impression qu’il est important de corriger en classe tout ce que l’on donne à faire aux élèves, même lorsqu’on est pris par le temps. C’est en outre un effort que les élèves ont fourni, et le retour sur leur travail les intéresse.

Je te propose de discuter de 2 points :

1.     Comment ne pas s’enliser dans la phase de correction des exercices ?

2.     Comment différencier nos attentes lors de la phase de correction d’exercices ?

 

1.    Comment ne pas s’enliser dans la phase de correction des exercices de maths ?


  • Limiter la quantité quotidienne de travail à la maison mais en donner très régulièrement

Dans un post à venir, je donnerai mon avis sur ce que devrait être les devoirs à la maison. Nous n’en parlerons donc pas ici.

Il est indispensable d’anticiper la phase de correction avant de donner aux élèves des exercices à effectuer en dehors de la classe. Elle ne doit pas être trop chronophage. Limiter le temps de correction incite à donner peu d’exercices, même s’il me semble essentiel d’en donner fréquemment : après chaque séance ou presque. Par ailleurs, le niveau de difficulté de ces exercices doit rester raisonnable. Mettre en difficulté certains élèves qui n’ont pas d’aide en mathématiques chez eux les découragera.

« Mince, j’aurais apprécié donner parfois des problèmes ambitieux aux élèves, qui ne sont pas de simples exercices d’entraînement »

Ce n’est évidemment pas interdit, hein. Cependant, pour que l’ensemble de ta classe ou presque en tire bénéfice, un fonctionnement particulier gagne à être mis en place. Voici deux pistes :

  • Amorcer la résolution du problème en séance, avec la classe entière, et de bien leur signaler aux élèves qu’il est possible qu’ils ne parviennent pas à le résoudre malgré leurs efforts, et que ce n’est pas grave du moment qu’ils y ont réfléchi et qu’il y a sur leur cahier des traces de leurs recherches.

  • Si l’on souhaite donner un problème de maths vraiment costaud, il est possible de laisser à la classe plusieurs semaines pour le résoudre. Et d’organiser une ou deux fois un bilan d’étape intermédiaire de leur recherche en classe. Ça n’est pas simple à organiser, et il sera difficile de savoir qui, parmi les élèves, a joué le jeu ou non. Mais pour ceux qui l’ont joué, tu les auras mis en situation de recherche mathématiques ; et c’est ce qu’on vise !

« Pourquoi pas, mais pour le gros des exercices à faire à la maison alors ? »

Les exercices à effectuer d’un jour sur l’autre seront des exercices d’application d’une partie de leçon écrite en cours. Et on n’en donne pas trop, pour ne pas passer l’heure à les corriger.

« Bon, mais comment on anime la phase de correction ? »
  • Je te propose ici quelques astuces éprouvées par de nombreux collègues pour accélérer et fluidifier la correction des exercices

Première astuce bien connu du prof expérimenté : si la résolution d’un exercice consiste en la répétition d’une technique, envoie plusieurs élèves au tableau en même temps. Si tu souhaites prendre le temps d’expliquer, prends le temps d’effectuer une addition de fractions au tableau en expliquant, et envoie pour les suivantes plusieurs élèves au tableau. Ce qui implique d’avoir anticiper l’organisation du tableau, le nombre de feutres, etc. Mais ça, je sais que c’est naturel chez toi ;)

« Mais comment je fais pour savoir si l’exercice a été très réussi ou non. Et qui envoyer au tableau ? »

Circule dans les rangs, c’est nécessaire pour vérifier les devoirs (cf. un autre post du blog : Comment s’assurer que les devoirs à la maison sont bien faits ?), et de surcroît tu seras en mesure d'estimer le niveau de réussite de la classe sur cet exercice. Tu pourras ainsi décider du temps que tu alloueras à la correction, ainsi que les élèves que tu souhaites envoyer au tableau. Si un exercice a été réussi par toute la classe ou presque - on peut rêver – il n’est même pas nécessaire de le corriger, tu peux féliciter la classe et passer au suivant. Pour les deux qui ne l'ont pas réussi, tu pourras le corriger à côté d'eux quand un élève passe au tableau ou pendant un moment de travaux dirigés. Et si tu constates que la moitié de la classe a fait un même type d’erreurs, envoie au tableau un élève qui a fait cette erreur, et prend le temps de la discuter, quitte à redonner un exemple à effectuer à l’issue de la correction.


« Monsieur, moi j’ai trouvé 24 et au tableau Maïa a mis 27. », dit Joshua. « C’est parce qu’il me semble que 3 fois 9 égale 27 et pas 24 Joshua. », répondis-je.

Tu souhaites t’éviter ce genre de dialogue. D’autant qu’il n’y a pas qu’un élève qui souhaitera partager son erreur de calcul bête à la classe. Voici une petite idée pour filtrer les questions superficielles. D’expérience, je trouve que ça fonctionne plutôt bien, donc je partage : propose aux élèves par binôme de se corriger l’un l’autre, et de discuter calmement de leurs désaccords. Ne dépasse pas une minute de débat intensif, pas besoin de plus. Ils se corrigeront leurs erreurs de calcul et autres étourderies, et tu pourras centrer la correction sur des erreurs plus profondes que tu as envie de discuter avec eux.

« Ce que tu dis, c'est pour les tâches techniques de calcul, mais pour les exercices avec davantage de rédaction, une démonstration en géométrie par exemple, ça prend un temps fou de faire écrire à un élève sa réponse au tableau. »

Pas faux, mais il y a des astuces. La moins convaincante : si tu sens que l’élève va mettre du temps à recopier son cahier au tableau, recopie sa réponse à sa place. C’est sûr que ce n’est pas au tableau qu’ils sont les plus rapides ! Ensuite, je te présente un outil bien pratique : le visualiseur. En ce moment, les visualiseurs se multiplient comme des petits pains dans les collèges, et ce n’est pas pour rien. Il s’agit d’une caméra sur un pied qui se pose sur une table. Reliée à l’ordinateur de la salle, elle filme et prend des photos. Les films et photos peuvent être projetés en temps réel à la classe. Ainsi, entre autres utilisations, pour éviter le temps de copie de la réponse au tableau, tu poses le cahier sous la caméra du visualiseur et tu projettes. Ce qui permet de commenter et de corriger la réponse de l’élève en direct, au tableau ou directement sur le cahier de l’élève. En plus d'être apprécié des élèves - Si tu appelles ton visualiseur Véro, succès assuré de la 6e à la Terminale -, c’est un gain de temps substantiel : finie la longue copie au tableau d’un cahier par un élève pendant que la classe attend que ça se passe. La correction peut commencer immédiatement. Au passage, le visualiseur n’est pas un outil hors de prix comparé au budget « maths des établissements scolaires.

Dans le même esprit, des collègues prennent une photo du cahier d’un élève et la projette. C’est évidemment plus périlleux à réaliser en classe ; pendant qu’on gère la technique, on n’anime pas la séance !

« Bon d’accord, mais ça n’empêche pas que les élèves qui ont réussi leurs exercices sans difficultés s’ennuient pendant la correction et se mettent à faire autre chose. »

Ce n’est effectivement pas un problème simple à gérer. On est souvent sur le fil lors de ces corrections, et même si on obtient le silence, bien des élèves n’ont rien à retirer de la correction. Dans la suite, je te présente un fonctionnement qui permet de régler ce problème, même s’il en amène d’autres, mais ça tu as l’habitude ;)


2.    Comment différencier nos attentes lors de la correction des exercices ?


Les élèves qui réussissent systématiquement les exercices qu'on leur donne sont en général les plus autonomes, et, statistiquement, ils se concentrent sur des problèmes de maths en toute autonomie plus longtemps que des élèves qui éprouvent des difficultés en maths. Autant en profiter ! Lors d'une correction d'exercices, à moins que tu souhaites l'expédier, il n’est pas très pertinent que les élèves les plus solides en maths soient systématiquement interrogés. Déjà, la « bonne réponse » n’aidera pas forcément les autres à comprendre, et ensuite, les interroger systématiquement imprimera un rythme très rapide à la séance, et une partie de la classe regardera le train passer... Autant que les élèves solides en maths s'occupent sainement alors.

Voici la proposition :

Stipule à la classe que ceux qui ont réussi les exercices et qui sont sûrs d’eux peuvent en effectuer de nouveaux. Gloups, ah oui c’est vrai, il faut avoir anticipé ces nouveaux exercices, désolé… Indique-leur tout de même de vérifier d’un œil qu’ils ont bien réussi les exercices effectués à la maison. Et, évidemment, interdit-leur de parler, vu que l'enseignant et d’autres élèves décortiqueront collectivement les exercices à corriger pendant qu'ils plancheront sur de nouveaux énoncés.

« Mais tu délires. Il y en a plein qui vont passer à la suite sans faire gaffe à la correction, alors qu’ils n’ont pas réussi. Ça va être un carnage ! »

Je te conseille d’expérimenter. C’était aussi ma peur quand j’ai pratiqué ce fonctionnement. En fait, ça fonctionne plutôt bien. Je trouve qu'on sous-estime la capacité des élèves à auto-évaluer leurs besoins. D’expérience, je dirais qu’il y a un élève qui passe à la suite parce qu’il est trop sûr de lui et qu'il est persuadé d’avoir réussi alors que ce n'est pas le cas. In fine, ça a été à chaque fois l'occasion de discuter avec lui de sa volonté de se précipiter et du fait que je ne l'estimerai pas moins s'il suit activement la correction des exercices – par ailleurs, dans mes classes, ça a toujours été des garçons, bizarre non ? En revanche, ce qui est moins anecdotique, c’est le phénomène inverse, c’est-à-dire les élèves qui suivent la correction par manque de confiance en leur travail à la maison. Il faut alors les convaincre de se faire confiance et de passer à la suite. Et bizarrement, jusqu’à maintenant dans mes classes, cela concernait très majoritairement des filles. C’est une occasion pour eux d’auto-évaluer leur travail, autant en profiter. En outre, par cette pratique, tu leur montres que tu leur fais confiance. Évidemment, comme d'habitude, la circulation dans les rangs est essentielle pour réguler ce fonctionnement différencié de la phase de correction d'exercices.

« Mais s’ils ne réussissent pas les exercices, ça doit générer des questions, alors qu’on est en train de faire autre chose avec le reste de la classe. »

Ça c’est vrai, c'est délicat, on est au moins au niveau 2 de la gestion des comportements en classe. On a beau leur expliquer qu’ils ne doivent pas poser de questions à l’enseignant ou à leurs camarades, ils ont tendance à le faire quand même. Ce qui se comprend, c’est frustrant de rester bloquer, alors que la réponse se trouve probablement sur une table voisine ou dans la tête de l'enseignant. Bref, ils mettront un peu de temps à adopter le comportement que vous attendez pour cette phase de cours. Il faudra leur expliquer la raison de ce comportement : permettre que les élèves qui n'ont pas réussi leurs exercices bénéficient du calme et des meilleures conditions pour comprendre. Et, si nécessaire, faire respecter ces attendus comportementaux grâce à des interventions correctives.


N.d.A. : Je ne le précise pas à chaque fois pour ne pas alourdir la rédaction, mais ce n'est que mon avis, hein...

15 vues0 commentaire

Comments


bottom of page